Monday, May 28, 2012

Le rebond dans l'industrie solaire pourrait être violent






Olivier Ken (Financière de Champlain) : « Le rebond dans l'industrie solaire pourrait être violent »
Baisse des subventions, crise de surcapacité, l'industrie solaire a été décimée par la crise mais la consolidation est proche de son terme et le rebond pourrait être violent estime Olivier Ken, gérant du fonds Performance Environnement chez Financière de Champlain, à l'occasion de la semaine du développement durable. 

L'intérêt pour le développement durable semble s'essouffler. La thématique, très présente dans la campagne présidentielle de 2007, n'est pas, et de loin, au premier rang des préoccupations des candidats et des électeurs cette année. Au-delà des performances boursières décevantes, comment expliquez-vous le désintérêt ambiant des investisseurs et des politiques pour le sujet ?

Olivier Ken : La crise est passée par là. Sous l'influence des contraintes budgétaires, le financement des énergies renouvelables, industrie encore largement subventionnée, n'est plus une priorité pour les gouvernants alors même que certains Etats se sont officiellement engagés sur la voie de la transition énergétique. A contrario, les effets d'annonce liés aux baisses de tarifs dans le solaire ont continué à nourrir l'idée que le secteur n'était pas rentable alors que ces baisses (l'Allemagne récemment) visaient justement à éviter les effets de rente et d'emballement liés à la forte baisse des prix des panneaux (-40% en 2011 après -30% en 2010). Aujourd'hui, les faillites en chaîne (Q Cells lundi etc.) entretiennent une perception morose du secteur alors que ces baisses de prix étaient nécessaires pour ouvrir la voie un développement massif et compétitif de cette industrie. Je crois que les énergies renouvelables, liées aux ressources naturelles locales, sont par excellence un sujet citoyen porteur d'une vraie vision de société qui fait tant défaut à cette campagne court termiste.

S'agit-il d'une consolidation nécessaire ?

O.K : Oui, il s'agit d'une purge et notre métier est d'identifier les survivants car ce sont des secteurs qui vont poursuivre leur croissance. Les besoins sont immenses ! Concernant l'industrie solaire, on estime que sur les 200 producteurs actuels de panneaux, une dizaine seulement survivra et raflera les parts de marché ! La concentration du marché et la sous-valorisation manifeste (on est revenus aux plus bas de 2008) constituent deux ingrédients pour un rebond violent.

Comment l'industrie solaire en est-elle arrivée là et peut-elle relever la tête après sa descente aux enfers ? 

O.K : Le secteur est entré depuis dix-huit mois dans une crise de surcapacités importante. En premier lieu, nous assistons à une perte de compétitivité fulgurante des acteurs européens par rapport à leurs concurrents chinois. Les producteurs de panneaux européens ne peuvent plus rivaliser au niveau des coûts et les chinois inondent le marché au risque de vendre à perte. Deuxième changement structurel, le marché s'est déplacé de l'Europe (l'Allemagne en particulier) vers de nouveaux marchés, Chine, Japon et Etats-Unis. Les Américains ont mis l'accent sur l'éolien pendant des années mais se mettent désormais au solaire pour des raisons d'opportunités liées à la forte baisse des prix des panneaux qui permettra très bientôt d'atteindre la parité énergétique avec les énergies fossiles : dès 2015 pour le Japon, l'Espagne , l'Italie et l'Australie par exemple ! On assiste déjà à un redémarrage des capacités installées. En Chine, premier producteur mondial de panneaux, la consommation intérieure reste très faible ce qui constitue une opportunité considérable. Au Japon, des tarifs de rachat seront institués en juillet, ce qui devrait dynamiser les ventes dans ce pays en pleine transition énergétique et ancien leader du solaire en Asie. Autre clignotant positif, les prix du polysilicium dépassent à peine 25 dollars le kilo contre 300 dollars avant l'explosion de la bulle. Or, les coûts de production se situent autour de 20 dollars le kilo. Nous sommes donc proches des points bas. On a observé que l'évolution des cours des valeurs du secteur était corrélée à l'évolution des cours du polysilicium...

Quelles sont les valeurs qui pourraient rebondir dans le secteur selon vous ?

O.K : En Europe, il vaut mieux se concentrer sur des valeurs de niche protégées par des barrières à l'entrée comme Wacker, un producteur de polysilicium, et SMA, le spécialiste des onduleurs photovoltaïques (conversion du courant continu en courant alternatif). Ce sont des entreprises qui sortiront gagnantes de la consolidation actuelle et profiteront de l'essor de ce marché destiné à un très bel avenir. Mais les grands gagnants seront les acteurs chinois et américains du secteur qui se livrent d'ailleurs une guerre sans merci.



Boursorama 04.04.12 

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