Voici la question du député écologiste Denis Baupin et la réponse de Ségolène Royal dans le cadre d’une séance de « Questions sur la politique en matière d’énergie » à l’Assemblée Nationale le 12 janvier dernier
Denis Baupin : « Madame la ministre, ma question porte sur le rôle de l’État en tant qu’actionnaire au sein de l’entreprise EDF. La programmation pluriannuelle de l’énergie, qui fait actuellement l’objet d’une concertation, prévoit de manière ambitieuse l’installation de 25 gigawatts supplémentaires d’énergie éolienne et solaire en France d’ici sept ans. Dans le même temps, l’entreprise EDF a annoncé qu’elle produira probablement 5 gigawatts supplémentaires d’énergie éolienne et solaire en quinze ans – soit une période deux fois plus longue. Cela signifie, au total, qu’EDF envisage de produire dix fois moins d’énergies renouvelables supplémentaires que ce qui est prévu par l’État dans sa programmation pluriannuelle.
Ce n’est pourtant pas un problème de rentabilité : de nombreux autres acteurs sont en train d’investir dans les énergies renouvelables en France. L’entreprise nucléaire chinoise CGN a par exemple prévu d’investir 1 milliard d’euros dans le solaire en France. L’entreprise canadienne Boralex, quant à elle, est en train d’investir dans 850 mégawatts d’énergie éolienne sur le territoire français.
Non : si EDF ne prévoit pas d’investir dans les énergies renouvelables, c’est tout simplement que cette entreprise, comme nous le savons bien, est frappée de « nucléarite » aiguë ! Elle veut investir 110 milliards d’euros dans le « grand carénage » du parc nucléaire, 35 milliards dans la centrale nucléaire de Hinkley Point et 2,5 milliards dans Areva. Il lui faudra par ailleurs provisionner 2 à 3 milliards supplémentaires pour couvrir les surcoûts du projet Cigéo, tout cela sans compter l’EPR de Flamanville ni la construction de trente à quarante EPR nouveau modèle que le PDG d’EDF a d’ores et déjà annoncée pour les décennies à venir !
Pourtant, à l’étranger comme en France, de nombreuses entreprises énergétiques sont en train de prendre le virage des énergies renouvelables. C’est le cas de la société E.ON, d’Enel ou d’Engie, qui est une entreprise française à capitaux publics. Toutes ces entreprises ont décidé de faire des énergies renouvelables l’axe de leur développement.
Ma question est simple, madame la ministre : pourquoi EDF raterait-elle le coche de la transition énergétique ? Pourquoi resterait-elle en dehors de l’alliance mondiale pour le solaire, pour laquelle vous vous êtes beaucoup battue et qui a vu le jour à l’occasion de la COP21 ?
Ce n’est pourtant pas un problème de rentabilité : de nombreux autres acteurs sont en train d’investir dans les énergies renouvelables en France. L’entreprise nucléaire chinoise CGN a par exemple prévu d’investir 1 milliard d’euros dans le solaire en France. L’entreprise canadienne Boralex, quant à elle, est en train d’investir dans 850 mégawatts d’énergie éolienne sur le territoire français.
Non : si EDF ne prévoit pas d’investir dans les énergies renouvelables, c’est tout simplement que cette entreprise, comme nous le savons bien, est frappée de « nucléarite » aiguë ! Elle veut investir 110 milliards d’euros dans le « grand carénage » du parc nucléaire, 35 milliards dans la centrale nucléaire de Hinkley Point et 2,5 milliards dans Areva. Il lui faudra par ailleurs provisionner 2 à 3 milliards supplémentaires pour couvrir les surcoûts du projet Cigéo, tout cela sans compter l’EPR de Flamanville ni la construction de trente à quarante EPR nouveau modèle que le PDG d’EDF a d’ores et déjà annoncée pour les décennies à venir !
Pourtant, à l’étranger comme en France, de nombreuses entreprises énergétiques sont en train de prendre le virage des énergies renouvelables. C’est le cas de la société E.ON, d’Enel ou d’Engie, qui est une entreprise française à capitaux publics. Toutes ces entreprises ont décidé de faire des énergies renouvelables l’axe de leur développement.
Ma question est simple, madame la ministre : pourquoi EDF raterait-elle le coche de la transition énergétique ? Pourquoi resterait-elle en dehors de l’alliance mondiale pour le solaire, pour laquelle vous vous êtes beaucoup battue et qui a vu le jour à l’occasion de la COP21 ?
Le président : « La parole est à Mme la ministre. »
Mme Ségolène Royal, ministre : « Monsieur le député, EDF doit en effet être l’opérateur majeur de la transition énergétique, compte tenu du poids de l’État en son sein. Il faut quand même reconnaître que cette entreprise a fait beaucoup de progrès ces derniers temps. Elle a restructuré sa gouvernance pour donner plus de poids aux énergies renouvelables. Aujourd’hui, EDF contribue à hauteur de 10 % à 15 % à l’installation des énergies renouvelables. Elle pourrait aller beaucoup plus loin.
À cette fin, le dialogue se poursuit actuellement avec cette entreprise. Le projet Cap 2030 me sera présenté à la fin de cette semaine. Dans le cadre de ce dialogue, j’entends en effet demander à EDF d’augmenter ses efforts en faveur des énergies renouvelables, ce qui lui permettrait aussi de conquérir des marchés internationaux. Il faut en tout état de cause favoriser les convergences avec les autres opérateurs français, afin que le mix énergétique tende vers l’objectif fixé par la loi de transition énergétique. Enfin, bien évidemment, cette entreprise doit participer, vous avez raison, à l’alliance solaire internationale.
Il ne faut à aucun prix que EDF passe à côté de la transition énergétique. Ce n’est pour l’instant pas le cas : l’entreprise a beaucoup évolué, notamment avec son nouveau dirigeant, et, je le répète, elle a déjà réformé sa gouvernance interne. Certes, il faut faire beaucoup plus, mais je suis sûre qu’au cours de l’année à venir, qui sera l’année de l’application de la COP21, ce grand opérateur de l’énergie entrera plus volontairement, plus puissamment, dans la transition énergétique et dans les énergies renouvelables. »
À cette fin, le dialogue se poursuit actuellement avec cette entreprise. Le projet Cap 2030 me sera présenté à la fin de cette semaine. Dans le cadre de ce dialogue, j’entends en effet demander à EDF d’augmenter ses efforts en faveur des énergies renouvelables, ce qui lui permettrait aussi de conquérir des marchés internationaux. Il faut en tout état de cause favoriser les convergences avec les autres opérateurs français, afin que le mix énergétique tende vers l’objectif fixé par la loi de transition énergétique. Enfin, bien évidemment, cette entreprise doit participer, vous avez raison, à l’alliance solaire internationale.
Il ne faut à aucun prix que EDF passe à côté de la transition énergétique. Ce n’est pour l’instant pas le cas : l’entreprise a beaucoup évolué, notamment avec son nouveau dirigeant, et, je le répète, elle a déjà réformé sa gouvernance interne. Certes, il faut faire beaucoup plus, mais je suis sûre qu’au cours de l’année à venir, qui sera l’année de l’application de la COP21, ce grand opérateur de l’énergie entrera plus volontairement, plus puissamment, dans la transition énergétique et dans les énergies renouvelables. »
Source : Tecsol
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